
Mon saut dans la foi :
Pourquoi j’ai décidé de me faire baptiser
C’est une grande première sur le blog, nous allons aujourd’hui parler foi et théologie. Si l’on m’avait dit un jour que j’allais aborder ces thématiques sur Paris My Dear, je ne l’aurais sûrement pas cru. La religion dans sa globalité était pour moi un terrain bien inconfortable, n’ayant eu aucune éducation, ni culture religieuse.
Si je devais remonter dans mes souvenirs, la première fois que j’ai été curieuse d’en apprendre davantage, j’étais en 6ème. Il y avait dans ma classe une petite fille qui assistait au cathéchisme et elle me racontait avec enthousiasme ses leçons et chansons apprises chaque mercredi après-midi.
J’en ai parlé à mes parents qui ont refusé catégoriquement de m’y inscrire, arguant que je n’étais pas assez mature pour comprendre ce que ce genre de décisions impliquait. Suite à cet épisode, je n’ai plus jamais abordé ce sujet avec eux. En grandissant, la question de la religion et de l’étude théologique me taraudait mais ce vaste sujet me faisait peur. Difficile de savoir par où commencer, ou à qui se confier.


En 2022, ma grand-mère a été hôspitalisée avant un douloureux départ en EHPAD et nous avons dû vider son appartement. 40 ans de vie triés, vendus, donnés. Ce fût un déchirement. Une question a commencé à résonner en moi : « Tout ça pour quoi ? » Toutes ces vêtements, tous ces bibelots, ces meubles, ces souvenirs réduits à un vide-maison. Une vie entièrement brocantée. « Tout ça pour quoi ? »
Stephen King a dit : « Le temps efface tout, qu’on le veuille ou non. Efface tout et, à la fin, il ne reste que les ténèbres. Et, parfois, dans ces ténèbres, nous retrouvons les autres, parfois nous les perdons de nouveau. Voilà tout ce que je sais. » Après son décès (je peine encore à y croire) il y a déjà 2 ans, nous avons géré le deuil, comme nous avons pu, en famille. Mais ce vide qui persiste, ce manque, ce sens que l’on cherche désespérément reste introuvable. Alors j’ai cherché ma voie. Je n’ai pas été « touchée par la Grâce », comme cela a pu être le cas pour d’autres. Mais j’ai toujours senti que j’avais ce besoin inexplicable de m’accrocher à quelque chose ou que justement, ce quelque chose m’attendait.


Après avoir perdu mon travail en septembre 2023, j’ai eu tout le loisir de me plonger dans des projets divers et variés. J’en ai profité pour passer le code et entammer des leçons conduite, j’ai alimenté mon blog, voyagé et en avril dernier, j’ai décidé de sauter le pas. Après m’être d’abord tournée vers le Catholicisme, je me suis rendu compte que j’avais besoin de voir autre chose avant de confirmer mon choix. Je cherchais un espace où me sentir écoutée, épaulée, un endroit où je pourrai à la fois me recueillir seule mais aussi rejoindre une communauté. Je m’étais préalablement bien renseignée, j’avais lu des articles, épluché ARTE et ses formidables documentaires. En somme, j’ai plongé dans la foi en espérant y trouver du sens.
Cette première rencontre avec ma Pasteure a été déterminante dans mon choix. Son ouverture aux autres familles religieuses et sa capacité d’écoute sans intention d’évangéliser à tout prix m’ont énormément rassurée. J’ai immédiatement senti qu’une connexion, un lien saint, honnête et bienveillant s’installaient naturellement entre nous. Durant des mois, elle m’a accompagnée lors de séances personnalisées où nous avons échangé sur différents passages de la Bible et des Saintes Écritures.




Certaines lectures ont marqué mon cheminement spirituel plus que d’autres, mais celle qui m’a le plus aidé est sans aucun doute « L’autre Dieu » de Marion Muller-Colard. Cet ouvrage brillant et particulièrement touchant aborde la question de la foi, ou plutôt de la perte de foi face à une épreuve. Sans être démagogue ou moralisatrice, l’autrice dresse le portrait d’hommes et de femmes, croyants, pêcheurs, humains finalement sans chercher la polémique. Cet ouvrage philosophique est d’une grande intelligence, tant spirituelle qu’émotionnelle et je ne peux que le recommander, que l’on soit croyant ou non.

MON DISCOURS DE BAPTÊME
Celles et ceux qui me connaissent savent que les mathématiques n’ont jamais été mon fort et c’est pourquoi aujourd’hui, je citerai Albert Einstein : « Le hasard c’est Dieu qui se promène incognito. » Pour certains, le hasard ça n’existe pas. Tout arrive pour une raison. Pour d’autres, c’est Dieu qui n’existe pas et nous sommes les seuls maîtres à bord. Pour d’autres encore, il doit bien y avoir quelque chose…
Mais quoi ?
Lorsque j’ai découvert cette phrase pour la première fois, je me suis demandé en quoi croyait Albert.
Dans le dictionnaire, il semblerait qu’avoir la foi c’est avoir confiance, croire en la providence, en quelque chose ou en quelqu’un. Car c’est bien de cela dont il s’agit finalement. De foi.
J’ai longtemps pensé être extérieure à ce monde. Pourtant, en y regardant de plus près, j’ai grandi entourée d’une multitude de croyances. J’ai ouvert des paires de ciseaux pour retrouver une chose que j’avais perdue, brûlé des bougies et touché du bois pour me porter chance. J’ai toujours refusé de passer sous une échelle, n’ai jamais laissé traîner un chapeau sur mon lit ou posé le pain à l’envers. Toutes ces petites choses peuvent sembler folkloriques mais la finalité est la même, on le fait parce qu’on y croit. Pour ma part, je l’ai fait avec la conviction inexplicable que la providence serait d’une façon ou d’une autre à mes côtés.
Souvent, ma grand-mère Nona m’a répété cet adage : “Aies confiance en la providence.”
Elle, qui m’avait partagé ses histoires de jeune fille dans une France gangrénée par l’antisémitisme, n’avait jamais pratiqué sa religion parce que née juive en 1933. “Aies confiance en la providence.” Et il en fallait de la confiance à cette époque pour croire en un avenir meilleur. Lorsque la priorité était de l’ordre de la survie.
Mais revenons à Albert et sa théorie du hasard. En mai 2021, nous sortons d’un énième confinement et ma maman insiste pour que je l’accompagne à une distribution de repas organisée par les Restos du Coeur. Grâce à son don de persuasion légendaire, je finis par m’en remettre à la providence avant de la suivre Place de la République. Là où j’allais rencontrer l’homme qui partage ma vie aujourd’hui. Celui que j’appelle tendrement “mon amour” depuis plus de trois ans, que j’épouserai dans quelques semaines dans ce même temple, et que j’appellerai bientôt avec fierté “mon mari”. Tout ça pour dire que rien, absolument rien, ne pouvait prédire une rencontre aussi improbable. Lui, vivant au cœur de l’Est parisien et moi, étudiante au fin fond du 92. Un bras de Seine nous séparait et c’est la providence, Dieu ou le hasard, appelez-le comme vous voudrez, qui nous a rassemblés.
C’est aussi “par hasard” que j’ai rencontré ma Pasteure. J’étais tant de fois passée devant ce temple que je surnommais La Maison des Sept Nains. Je n’avais jamais ouvert une Bible et confondais Jésus avec Joseph. Un CV, admettons-le, un peu léger. N’importe quel recruteur aurait dit que mon profil manquait d’expérience. À cette époque, la religion était pour moi quelque chose de figée. Un ensemble de croyances à embrasser, un “package” à prendre sans concession.
Mais lors de nos rendez-vous, elle m’a démontré que la vie de l’Église avec un grand “E” impliquait une remise en question constante de son organisation et de ses pratiques. C’est d’ailleurs l’ADN même du Protestantisme : la liberté de questionner et de contredire. Il s’agit ici de comprendre, d’interpréter des textes millénaires et de les appliquer à notre quotidien, avec les problématiques de notre époque. Il aurait été inconcevable pour moi, de rejoindre une communauté hostile aux autres familles religieuses, à l’avortement, l’égalité des genres, l’homosexualité, la transidentité et tous ces sujets de société qui demeurent brûlants encore aujourd’hui.
Dans le chapitre 11 de l’évangile de Luc, (Jésus dit) : “Demandez et l’on vous donnera.” En tant qu’aînée, je dois admettre que demander n’a jamais été mon fort. J’ai toujours voulu être autonome, montrer l’exemple et surtout ne pas déranger. Car lorsque l’on dérange, on se sent redevable. Et comment faire pour rendre quelque chose d’aussi immatériel que le temps ? Le temps que l’on passe à apprendre à vous connaître, à prier pour vous lorsque vous êtes malade ou sur le point de décrocher un nouveau travail, ou à tout simplement prendre de vos nouvelles.
“Demandez et l’on vous donnera.” Cette citation peut paraître anodine mais elle se vérifie dans bon nombre des démarches du Temple de la Petite Étoile. On y donne des vêtements pour la boutique solidaire, du temps pour les trier et les vendre à la braderie, de l’énergie pour préparer et servir les repas partagés, ou juste un sourire pour vous souhaiter la bienvenue. “Être Chrétien, c’est recevoir mais c’est aussi se sentir appelé à quelque chose”.
Aujourd’hui, si je demande à être baptisée, c’est avant tout parce qu’en fréquentant ce temple, j’ai rencontré des âmes formidables, sincères et engagées. Un groupe de parole, d’échange et d’étude où la diversité et l’écoute font loi. Mais aussi (et surtout) parce que dans la maison du Seigneur j’y ai aussi trouvé la mienne.
Avant de sauter le pas, je voudrais prier. Non pas pour demander car j’ai tout ce qu’il me faut, mais pour remercier. Remercier les courageuses et courageux qui ont bravé le froid/sont sortis de leur lit ce matin pour assister à ce culte. Celles et ceux qui m’ont accueillie chaleureusement dès mon arrivée dans ce temple. Remercier mes amis et ma famille pour leur soutien. Mon fiancé qui a su m’écouter avec attention lorsque je traversais mes crises de foi, ma grand-mère pour ses précieux conseils qui résonnent encore en moi aujourd’hui. Et pour finir, je voudrais remercier la providence d’avoir mis ma Pasteure sur ma route. Elle qui m’a généreusement ouvert sa porte, avant que j’ai le courage de pousser celle du Temple de la Petite Etoile.
Amen.

Nous voilà le 10 février, deux mois après mon baptême. Ce temps d’étude et de réflexion en tant que « Chrétienne officielle » m’a confirmé que la religion n’était pas une cage que l’on refermait sur soi mais justement l’occasion de s’ouvrir à des valeurs qui ont (parfois un peu) tendance à être mises de côté comme la compassion, la patience, l’écoute, la remise en question. Toutes ces petites choses qui nous rendraient bien plus heureux si chacun, à hauteur de ses moyens, y mettait du sien.


Maintenant que mon mariage est passé et que les échéances se font plus rares, je dispose de davantage de temps pour reprendre mes lectures et participer de nouveau aux partages bibliques organisés par mon temple.
C’est donc l’occasion idéale d’entammer une nouvelle étape fascinante dans ce parcours spirituel, celle du « Bible Journaling » ! J’ai découvert cette communauté sur Instagram et adoré l’idée de décortiquer la Bible tout en faisant du craft. Moi qui suis une grande amatrice de papeterie et de projets créatifs, je me retrouve complètement dans cette démarche qu’il me tarde de partager avec vous dans un éventuel prochain article.

Vous aimeriez lire d’autres articles qui parlent de foi ?
Partagez vos idées en commentaires !