La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s’étonna de l’autorité qui émanait d’une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l’obscurité. « On dirait une enfant », pensa la première, «elle ressemble à une poupée», songea la seconde. Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire. À travers l’histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu.
Lorsque j’ai lu la quatrième de ce roman, j’ai instantanément été happée par son histoire. Une petite fille, exhibée sur Internet par sa mère et coqueluche des réseaux sociaux, est portée disparue. Je n’avais jamais rien lu de Delphine De Vigan et son récit dépeignant une société (pas si éloignée de la nôtre) gangrénée par le culte du soi et de l’égocentrisme m’a à la fois troublée et fascinée. Autant que les personnages, nous connaissons les risques d’Internet mais on y plonge malgré nous et nous enfonçons, page après page, dans les abîmes de l’impudique et de l’exhibitionnisme.